Honfleur, entre mer et fleuve

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A la fois port de mer ouvert sur la Manche et port d’estuaire sur la rive sud de la Seine, Honfleur est surtout connu pour son vieux port pittoresque en plein cœur de la ville, témoin de la grande époque maritime en Calvados.

Entre son passé glorieux et sa situation privilégiée entre mer et fleuve, face à l’imposant port du Havre qu’elle relie par le spectaculaire pont de Normandie, l’escale normande a de solides atouts pour séduire les croisiéristes toujours plus nombreux en 2018. Au-delà des habituelles excursions pour Paris ou les plages du Débarquement, et à quelques encablures, Deauville, Etretat, Rouen ou Giverny.

Hier, cinq siècles d’histoire maritime

Niché dans l’estuaire de la Seine, le ravissant havre normand a été miraculeusement épargné par les bombes de la seconde guerre mondiale. Les vieux gréements et les maisons du 17e et 18e siècle autour du Vieux Bassin offrent un témoignage patrimonial rare, encore intact. Le port de Honfleur a longtemps inspiré poètes et peintres impressionnistes, touchés par sa beauté avant de devenir un port d’escale apprécié des Transatlantiques.

« Honfleur a toujours été le plus cher de mes rêves » écrivait Baudelaire. A la différence du poète, le croisiériste en arrivant par la mer découvre tout d’abord l’esthétique contemporaine du pont à haubans qui enjambe la Seine. Puis le panorama s’ouvre sur le vaste estuaire fluvial jusqu’au terminal croisière quai de Seine. En arrivant par le fleuve, c’est un paysage lent et bucolique qui défile le long des méandres calmes jusqu’au vieux port, avant de laisser place à une embouchure maritime bouillonnante d’activité.

Une position stratégique

Honfleur fut longtemps le port de départ de nombreux explorateurs en partance pour le Nouveau Monde. Depuis que Jean Denis pris possession du Labrador et Terre-Neuve pour la France en 1506 et Samuel de Champlain du Québec en 1608, les navigateurs entraînèrent dans leur sillage de nombreux bateaux qui firent leurs adieux sur le quai de Honfleur, direction le Canada. Puis le port intensifie ses échanges commerciaux avec les Antilles, la Louisiane, les côtes africaines et les Açores. Le commerce triangulaire et la traite négrière forgent sa fortune jusqu’à la fin du 18e siècle.

Dès l’arrivée dans le quartier du Vieux Bassin, la Lieutenance détonne par son architecture. Restaurée en 2017, cette proue défensive contre les Anglais servait de résidence au lieutenant du Roi au 17e siècle. C’est le dernier bastion du port fortifié démantelé par Colbert qui a vu en Honfleur un grand destin commercial. Louis XIV envoie alors le lieutenant général des armées navales Abraham Duquesne construire un bassin à flot et ordonnera la création de trois greniers à sel dont deux subsistent à ce jour dans le quartier de l’Enclos.

Ils contenaient 10 000 tonnes de sel, destinées à conserver le hareng mais surtout la morue qui fit la fortune de la ville. Autre site à visiter, l’église Sainte-Catherine du 15e siècle, dotée d’une structure en bois voûté inspirée des constructions navales.

Un joli port touristique

Les maisons bourgeoises autour du Vieux Bassin s’érigent avec l’essor de la ville. Certaines avec encorbellements, d’autres avec des façades de brique, de bois, ou coiffées d’ardoise. Victor Hugo la décrivait comme « un port ravissant plein de mâts, et de voiles, couronné de collines vertes, entouré de maisons hautes et étroites ». Honfleur a inspiré de grands artistes dans leur peinture, leur musique et leurs écrits. Gustave Courbet, Eugène Boudin, Claude Monet et Johan Barthold Jongkind ont créé ici le mouvement impressionniste. Erik Satie – dont la maison se visite – a vécu dans la même rue qu’Alphonse Allais.

Aujourd’hui, yachts et voiliers croisent bateaux de plaisance et vieux gréements. Sur les étals du marché du port de pêche on découvre des poissons et fruits de mer frais de toutes sortes, dont la crevette grise et la coquille Saint-Jacques, spécialités honfleuraises. Il fait bon flâner dans les ruelles et sur les quais jalonnés de boutiques, cafés et restaurants. Le dimanche, une brocante a lieu place Sainte Catherine. Le musée Eugène Boudin et la ferme Saint-Siméon – une auberge qui abritait les artistes bohèmes, aujourd’hui transformée en hôtel 5 étoiles -, constituent des visites idéales sur les pas des impressionnistes. Un grand nombre de galeries d’art et d’ateliers d’artistes témoignent également de cet attachement naturel d’Honfleur pour l’art. Un projet de résidence dans la Lieutenance est à l’étude pour renouer avec le passé artistique de la ville.

Aujourd’hui, Honfleur a le vent en poupe

Porte de la Manche et de la Seine dans le Calvados, la ville portuaire attire de plus en plus de compagnies de croisières. A la fois port de commerce, de pêche et de plaisance, Honfleur a même doublé la mise : elle attend 48 navires en escale en 2018, contre 24 en 2012.

Des ambitions justifiés

Le nouveau terminal de 185 mètres carrés qui a coûté 300 000 euros a été inauguré en 2013. « Les quais de Honfleur appartiennent au port de Rouen, qui voulait améliorer l’accueil des croisiéristes et l’adapter aux contraintes sécuritaires et aux Douanes, explique Jérôme Radanovic, chargé par l’office de tourisme de l’accueil des visiteurs sur le quai d’Honfleur.

Un port fluvial et maritime

« Il est aéré, lumineux, fonctionnel, apprécié par les 30 000 passagers annuels. Mais le port de Honfleur garde encore ce côté intime qui plait aux compagnies et aux visiteurs, car nous ne pouvons accueillir que deux bateaux de 260 mètres maximum de long », tempère J. Radanovic. Les Anglais (65%), devant les Américains (25%) et les Allemands (10%) apprécient cette escale maritime depuis ou vers Southampton, Hambourg, Londres, Amsterdam etc. Principaux ports d’embarquement vers les Amériques, l’Europe du Nord ou l’Asie. Côté fluvial, le bassin de l’est ou bassin de la République enregistre chaque année près de 120 escales, soit également 30 000 passagers en provenance ou à destination de la capitale. Les Français sont les plus nombreux, devant les Américains et les Australiens.

L’aspect pratique

Situé sur le quai de Seine à 1,5 km du centre, le terminal maritime est accessible aux personnes à mobilité réduite. On y trouve un relais de l’office de tourisme, des bus, taxis, guides et une boutique de souvenirs. Les escales durent en général 12 heures. Côté fluvial, le débarquement est en plein Vieux Port et certains bateaux restent à quai 1 à 3 jours.

Porte de la Normandie

Honfleur attire de plus en plus de croisiéristes internationaux curieux de découvrir son histoire, ses beautés et ses alentours. « La moitié partent en excursions », détaille J. Radanovic. Principalement à Giverny où se trouve la maison et le jardin de Claude Monet, la côte fleurie (Deauville et Trouville, à 18 km), le Pays d’Auge et les plages du Débarquement (à 110 km).

De belles perspectives

Les 47 escales maritimes en 2017 à Honfleur ont rapporté 700 000 euros à la ville et 2,5 millions d’euros à la Normandie. Le panier moyen d’un passager est de 109,76 euros. A l’entrée de Honfleur, un nouveau village des marques à prix outlet a été ouvert pour les fans de shopping.

/ ZOOM

C’est dans le Vieux Bassin que l’on peut admirer les vieux gréements amarrés à demeure : Le Marie-Madeleine, Bautier de Barfleur (1934) ; Le Dehel, barque chalutière (1931) ; Le Sheena, voilier de course (1916) ou la Sainte Bernadette, la dernière crevettière à voile inscrite au patrimoine maritime national.

Plus d’infos sur : www.ot-honfleur.fr